Qu’entend-t-on par la notion d’attachement et quel lien entretient-elle avec la parentalité ? Cette notion renvoie notamment à la théorie de l’attachement, dont le fondateur, John Bowlby, psychiatre et psychanalyste britannique, s’est intéressé aux relations précoces entre les enfants et leurs parents (Dugravier et Barbey-Mintz, 2015). Selon cette théorie, l’attachement correspond à un lien, un engagement entre un individu et une figure d’attachement, basé sur un besoin de sécurité et de protection (Glaser, Prior, 2022).
Elle met en évidence l’importance de la présence, pour un nourrisson, d’une personne répondant à ses besoins de manière stable et durable tels que le nourrir, lui prodiguer des soins, répondre à ses besoins affectifs et de sécurité lors de moments de détresse par exemple en vue de son développement. Cette personne, répondant aux besoins du bébé et se montrant disponible de manière stable et durable est nommé « figure d’attachement ». Il peut s’agir des parents biologiques ou non ou de toute personne étant en mesure d’y répondre.
Il semble important de préciser que les liens qui se tissent entre les membres de la famille, notamment entre parents et enfants montrent une grande variété de formes et d’expressions. L’attachement se tisse sur des sentiments d’affection et d’amour qui se construisent avec le temps. Il s’inscrit dans une histoire familiale et les liens intergénérationnels (Anaut, 2014). De plus, bien qu’essentiels à considérer, ces liens ne sont pas des « déterminants inaliénables pour le développement et les relations socio-affectives ultérieures de l’individu » (Anaut, 2014).
Ce système d’attachement, considéré comme vital, aura une influence sur la manière dont cet enfant se construira, percevra le monde et sur sa manière de concevoir ses relations avec les autres (Rochat, 2006). Ce système d’attachement est en effet associé à un système d’exploration et de sociabilisation. La théorie démontre en effet qu’un enfant ayant une base de sécurité, une figure d’attachement stable, sera davantage en mesure d’explorer le monde environnant, tout en sachant qu’en cas de détresse ses besoins seront pris en considération.
Il existe différents styles d’attachement, ayant été défini par Mary Ainsworth, collaboratrice de John Bowlby. Il s’agit des styles d’attachement sécure et insécure, évitant et ambivalent/résistant. C. George, M. Main et N. Kaplan (1991) décriront quelques années plus tard l’attachement désorganisé-désorienté. L’établissement d’un attachement secure permet de s’adapter à la nouveauté, à son environnement et d’établir de nouveaux liens extra familiaux. Un attachement insecure peut au contraire retarder le processus d’individuation et risque de fragiliser les modes de relations ultérieurs de l’enfant (Anaut, 2014) qui va élargir sa palette de relations sociales et affectives en grandissant.
La théorie de l’attachement apporte donc un éclairage développemental particulièrement pertinent quant à l’importance des relations précoces entre un enfant et sa figure d’attachement. Si les expériences relationnelles précoces sont importantes et parfois marquantes dans les trajectoires de vie, elles ne sont cependant pas pour autant déterminantes à jamais pour le devenir des individus (Anaut, 2014). En effet, ces derniers construisent des attaches affectives tout au long de leur vie et bien qu’il soit pertinent de les prendre en considération, une certaine plasticité des liens d’attachement est à prendre en compte.